Juste un avis personnel...
Que de difficultés à enseigner le B. A. BA de la lecture, cela commence bien souvent par un désaccord sur la perception des "sons" à l'oral.
Et de multiples questions se posent :
On compte les syllabes orales ou écrites ?
le graphème "et" j'entends [é] ou j'entends [è] ?
Je sépare la leçon sur le "o" ouvert, et le "o" fermé ?
et les divers "e", "in".... ????
Alors c'est vrai que les avis divergent et bien souvent il s'agit "d'accents" locaux donc impossible de mettre tout le monde d'accord, par exemple sur le "et" j'ai demandé l'avis à deux professeurs de français d'un même l'IUFM l'une le prononçait "è" l'autre "é" (c'est d'ailleurs ce que l'on m'a enseigné lorsque j'étais au CP) ce qui paraît plus logique puisque le"et" conjonction se prononce "é" enfin dans toutes les régions ? cela reste à vérifier.
Bref un troisième professeur m'a simplement répondu : "Ça dépend d'où vous venez."
Je crois que les professionnels de la langue française s'accordent à dire que selon les régions il y a des différences de prononciation d'un graphème.
D'ailleurs si l'on étudie le français oral sur plusieurs siècles, il a évolué et évoluera encore et toujours (pour des raisons diverses ....).
Bon, mais moi petite instit j'en fais quoi de toutes ces multiples questions (voir au-dessus), je n'ai pas LA bonne réponse, mais des idées et des pratiques à moi, pas forcément les bonnes, mais je veux bien essayer de les décrire ici.
Le nombre de syllabes :
En maternelle on ne travaille que l'oral donc travailler les syllabes entendues c'est tout à fait logique.
Au tout début du CP pour un travail uniquement oral, je ne choisis que des mots dont toutes les syllabes sont audibles (j'évite tous les mots avec un "e" final, donc chameau oui, mais surtout pas pomme)
Mais au CP le travail porte aussi sur l'écrit. Alors pour découvrir cette syllabe "envolée", je pars des prénoms de la classe (qui se termine par un "e" Emile, Jordane, Laurine....) généralement les élèves qui entrent au CP savent bien comment se prononce le "e" donc mettre en évidence la présence d'une syllabe "non entendue" (écrite) en associant le dernier son entendu jordaN avec le E (écrit) : jordaNE, sans y passer des heures à expliquer, les enfants comprennent qu'il y a des syllabes que l'on écrit mais qui s'envolent à l'oral . Pour représenter ces syllabes envolées dans les exercices et les fiches de lecture (début d'année) j'utilise la case pointillée, ou la flèche en fin de mot.
soit pour "pirate" :
Les sons tellement voisins mais pas trop :
Ils utilisent des graphies identiques, se prononcent presque pareils "o" ouvert, et "o" fermé par exemple le mot "rose" : rose ou rOse dans ma classe j'ai eu les deux prononciations par mes élèves selon leur région d'origine, bon impossible de condamner l'une au bénéfice de l'autre, désolée pour les puristes.
On découvre donc oralement par jeu, les 2 sons séparément (forme de la bouche, position de la langue, geste) , puis les élèves trient des images selon ce qu'ils entendent (or ou taupe). On recherche dans les mots écrits les graphies de ces deux sons......., et c'est là que je regroupe ces deux sons (fiche de sons et affiches ou j'essaie quand je les ai de mettre les deux geste BM)) . Ils savent que les deux sons sont voisins mais qu'ils sont différents.
On approfondit par la suite cette différence par des jeux oraux j'entends le "o" de or ou j'entends le "o" de taupe (deux étiquettes à montrer selon le mot donné) .
Même démarche avec le "e" ouvert de neuf 9 et le "e" fermé de deux 2...
Mais alors C et œ̃
Pour le "in" de brin et le "un" de brun, alors là à part dans le midi de la France je ne sais pas si on fait encore la différence entre ces deux sons, pourtant elle existe, mais en classe sauf si un élève pratique à l'oral cette différence je ne m'attarde pas dessus au CP, je leur fait découvrir à l'oral cette différence en CE1 mais je n'insiste pas.
Je résume ma perception des choses, qui n'a aucune valeur officielle...et qui certainement est très discutable.
Comme on m'a enseigné à l'école normale (ba voui je suis de la dernière année de l'antique école normale) comme on a enseigné dans les IUFM et aujourd'hui encore. Le meilleur enseignement passe par les connaissances des enfants et notamment l'ORAL !!!! donc c'est de leur prononciation (sauf évidemment problème orthophonique ou enfant en situation d'apprentissage du français) régionale qu'il faut partir, il est important de savoir différencier les deux sons "o" et les deux sons "e" (bien que soumis au variations régionales et dans une même classe il peut y avoir différents accents) mais les graphies étant semblables personnellement au final je les regroupent dans la même fiche.
Conclusion : L'avenir est dans l'évolution....et chacun (ici enseignant) fait ce qui lui semble le mieux...
Tout évolue, le langage oral se transforme, il voyage et se retransforme peu à peu.
... Dommage que la grammaire évolue si peu, parce qu'à part les accents circonflexes et les tirets dans les nombres....je ne vois pas grand chose bouger, à force de stagner elle risque d'être remplacée brutalement par le langage SMS (horreur !!!) mais là c'est un autre discours...un autre jour peut-être...
Petite remarque pour "et" : dans les nouvelles affiches de sons du blog, la page "et" de poulet est placé avec le son "é" mais tout à fait déplaçable dans la série "è" de flèche, donc selon votre perception.
Dans le midi , ce qui est bien c'est que le nombre de syllabes à l'oral et le même que le nombre de syllabes à l'écrit !On traîneeee... , au fait accent circonflexe ou pas ????...
RépondreSupprimerRéflexion sur l'évolution très intéressante Ipotâme ...Heureusement que nous sommes là ,nous les enseignants pour faire avancer les choses et coller le plus possible au monde qui bouge et avance peut-être pas toujours dans la bonne direction , c'est vrai .Raison de plus pour aimer notre métier qui nous permet de donner du sens au futur par l'intermédiaire de nos élèves .Merci pour le partage de tes idées .
Excellente réflexion! Je suis originaire du nord et j'enseigne maintenant dans le sud et l'étude des sons est souvent un casse tête avec cette histoire d'accent...
RépondreSupprimerpffiouuu j'ai tout le temps ce problème! j'enseigne en région parisienne avec l'accent du sud....
RépondreSupprimerIsabelle
RépondreSupprimerTout à fait d'accord avec cette réflexion... de plus, chez nous (Franche-Comté) le "et" conjonction se prononce "è" et les enfants disent la "tèlè"....
merci pour tout
Super la représentation des syllabes "envolées" ! Merci beaucoup pour l'idée ;)
RépondreSupprimerChristine
Bretonne enseignant dans le sud, mon "29" pose problème aux enfants et le "rose" du sud me pose problème; on fait avec nos différences et on en rit bien!!! Merci pour ta réflexion que je partage régulièrement!
RépondreSupprimerMerci pour vos commentaires, c'est agréable de lire que nous avons tous nos petits accents.... malgré cet article je reçois encore des messages de "correction" du "et" ou des différents "in, ein, un...."
SupprimerBonsoir et merci pour tout ce partage ! quel travail !!! et merci également pour cette réflexion sur les accents régionaux :) me voilà rassurée ! en bonne sudiste je découvre qu'ailleurs on regarde la télè héhé !!! maintenant, je comprends mieux BM et certaines affiches sur les sons...
RépondreSupprimerUne Maman...
Merci beaucoup.
SupprimerNous aussi nous avons cette réflexion au Québec au sujet des syllabes orales et écrites. Dans notre Commission scolaire, nous avons implanté un projet qui permet de démontrer que la syllabe à l'oral est très utile autant en lecture qu'en écriture. Nous disons aux élèves que le «e» à la fin est muet (ou un petit fantôme) et que son travail est de faire chanter la lettre qui est juste derrière. (ex.: lapine: le «e» fait fait chanter le «n» qui fait nnn, alors ont lit lapine (sans prononcer le «e») :)) ) C'est sur que cela peu causer problème avec les consonnes longues (l,r,m...), mais la plupart des mots qui se termine avec ces types de consonnes ont généralement un «e» à la fin. Cela aide beaucoup nos petits cocos à lire et à écrire :))
RépondreSupprimerp.s: J'adore ton site. Il est vraiment génial!
Une enseignante-orthopédagogue :)
Merci pour ces indications très intéressantes.
SupprimerSuper analyse merci.
RépondreSupprimerDans ma classe , j'utilise les alphas. En début d'année je leur explique que les consonnes n'aiment pas chanter seules en fin de mot. Aussi elles essaient d'attraper une voyelle et c'est souvent madame E. Mais celle-ci ne veut pas toujours et pour montrer son mécontentement elle reste muette ce qui empêche la consonne de bien chanter. ça les aide aussi avec nos nombreuses lettres muettes.
Pour les sons an, on, en, in, ... je leur dit que le nez adore chanter avec les voyelles mais qu'il préfère les attraper pour chanter en premier. Mais dans le cas contraire il chante avec celle qui le précède. J'espère être assez claire.
Merci encore pour ton blog et tout ce partage.
Ce qu'écrit Anonyme (13/04/2015 20:27) .
RépondreSupprimerLa complexité des notions à enseigner est telle que l'on met pas mal d'idées fausses dans la tête des élèves .
Même nous , enseignants, sommes parfois gênés devant certaines " habitudes" ou définitions "classiques" que l'on reprend sans trop y croire . Et quand l'enfant demande pourquoi, on est bien embêtés, parce qu'il faudrait , si on est honnête, lui répondre: " parce que ceux qui savent et de qui j'apprends encore ont dit qu'en attendant de savoir vraiment comment faire dans toutes les classes de France de sorte à ce que ça marche à tous les coups, il vaut mieux faire comme cela pour que tu comprennes en fin de cycle, ou du moins que cela ne perturbe pas trop ton entrée dans la lecture..." .
Tous les faits de langues ne sont pas réductibles à des automatismes , malheureusement pour le pédagogue ( et heureusement pour le poète).
Personnellement , je ne dirais pas que "la syllabe s'envole": je ne dis pas pi-ra - (te) , mais pirat(e). Mais la terminaison "at" ne sonne pas " ate", je dis d'ailleurs un plat, et non un " plate"...Le "e" a une utilité.
J'ai trouvé une piste de réflexion chez Mme Charmeux.
http://www.charmeux.fr/blog/index.php?2009/09/07/126-quand-travailler-sur-les-syllabes-au-cp-installe-l-echec-chez-les-enfants
En attendant que l'on trouve un consensus à ce sujet, je préfère parler de lettre muette . En fin de mot, le " e " ne se prononce pas souvent.
C'est un vrai casse-tête : il fait sonner l'avant dernière lettre dans "acrobate" et c'est le " e " du féminin aussi comme dans " une amie"... Et parfois le " e " du féminin fait aussi sonner l'avant dernière lettre comme dans " ingrate" . Ah, mais quelle histoire ce petit " e"!
Et ne parlons pas des mots en contexte:
je dis "énorm(e)", une "énorm(e) organisation", mais une énormE montagne"....